Crise sociopolitique au nord Mali
Où est passé ATT ?
Hé oui, ATT ou encore Amadou Toumani Touré, c’est le nom de ce célébrissime d’ancien Chef d’Etat de la république malienne qui était jusqu’à sa chute du fait du coup d’Etat du capitaine Sanogo, le président le plus démocrate et le plus côté de l’Afrique de l’Ouest. Le pays d’ATT d’alors était même cité en exemple par l’Occident comme étant le pays où la démocratie a conservé ses lettres de noblesse.
Malheureusement pour ATT, le monde a pu découvrir au grand jour la face cachée de cette démocratie vantée de tous après le coup d’Etat du fameux Capitaine Sanogo. La prise du contrôle du Nord Mali par ces différents groupes armés se réclamant pour trois d’entre eux de l’islamisme radical jihadiste [1] (AQMI, Ansar Eddine et le Mujao), et pour un d’entre eux de l’indépendantisme touareg (MNLA), a créé une situation dramatique et totalement inacceptable pour les populations maliennes, et en premier lieu celles du Nord, qui sont victimes d’un retour à une barbarie inqualifiable en rupture totale avec l’islam contemporain dans ses diverses configurations de tolérances (piétistes, confrériques, soufies, modernistes ou laïques).
Il est incontestable que L’Etat malien aujourd’hui n’existe que de nom, et avec lui les services qu’il délivrait tant bien que mal. Nous citerons entre autre les services de santé, d’éducation, d’hydraulique, d’appui à l’agriculture et à l’élevage, et nous en oublions. Les conseils communaux et leurs maires, qui avaient acquis une réelle légitimité depuis la décentralisation des années 90, ont également pour la plupart sombré. Les projets de développement et les ONG, qui contribuaient aussi de façon significative à la délivrance de services et à la lutte contre la pauvreté, ont plié bagage.
Beaucoup d’habitants du Nord, ruraux comme urbains, ont fui, en même temps que tous les fonctionnaires. On compte à ce jour, un nombre important de réfugiés au Sud et dans les pays voisins comme le Burkina Faso, le Niger et que savons nous encore dans des camps ou accueillis par leurs parents à Bamako, au Burkina ou encore à Niamey au Niger.
Les populations qui ont eu le kilo de rester sur place, étaient laissées à elles mêmes, à la merci et à la barbarie de tous ordres de l’occupant djihadiste. Tout état de droit a disparu, l’école moderne a fait place à la seule école coranique, les filles obligées de rester à la maison jusqu’à leur mariage forcé à l’âge de 12 ans. Quelle barbarie au nom de l’islam ? La musique est interdite, les tuniques, les turbans et les barbes étaient devenues obligatoires pour les hommes comme le voile l’est déjà pour les femmes, les droits de l’homme sont totalement bafoués, le fouet était utilisé contre les récalcitrants, les amputations et les lapidations étaient prononcées et exécutées par des fanatiques incontrôlables. Seuls quelques intervenants humanitaires, et surtout les ONG arabo-islamiques, en particulier qataries, distribuaient quelques soins et secours.
Le Nord Mali était aussi devenu, bien avant les évènements actuels, un haut lieu du narcotrafic vers l’Europe, avec la complicité de l’ancien régime malien d’ATT, celle de ses généraux et colonels, celle de ses amis commerçants, mais aussi et surtout celle de réseaux puissants installés dans certains pays voisins. D’ailleurs il semble l’être toujours. Islamistes djihadistes et narcotrafiquants vont de pair et se soutiennent mutuellement. Il n’est un secret pour personne, que le narcotrafic implique divers groupes arabes et touaregs qui étaient bien connus du Nord Mali.
La contagion terroriste qui en résulte est évidemment à craindre pour les autres pays sahéliens. Aux premières heures de l’occupation djihadiste et selon une source concordante un camp d’entrainement de Boko Haram (mouvement islamiste jihadiste du Nord-Nigéria) se serait établi au Nord Mali. N’eut été cette intervention salutaire française, les djihadistes avaient déjà marché sur Bamako et même au-delàs. Ce qui nous parait tout de même incompréhensible et inacceptable, c’est que depuis l’occupation du nord Mali par les djihadistes, jusqu’à la délivrance partielle de la population du nord Mali par les forces militaires françaises et la MISMA, aucune réaction symbolique soit-elle de la part de l’ex président malien Amadou Toumani Touré, n’a jamais été enregistrée ou du moins, jusqu’à ce que nous tracions ces lignes. Pour notre part, cela est inadmissible et le peuple malien tout entier devrait après le passage de l’orage, demander des comptes à cet apatride d’ancien Chef D’Etat de la république du Mali, qu’est Amadou Toumani Touré ou encore ATT.
Seydou DIABO
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